✐
INSTRUCTION
VOLUME 1
Téléchargez le premier volume puis imprimez-le, pliez-le et reliez-le vous-même. Une marche à suivre illustrée est disponible.
PRÉMISSE
La Terre est un vaisseau qui a pris forme dans un oeuf. Le Soleil l’a pondu, et le Maître la choisit pour y verser son verre. Ce faisant, il l’a ensemencé, et depuis, le Soleil le couve. Mais cet oeuf est sur le point d’éclore. Sa coquille se brisera sous la pression du mouvement des pôles, à moins que les Disciples ne permettent eux-mêmes à la coquille de se rompre. C’est eux qui avec le Maître ont transigé le tableau dans lequel l’humanité se déplace dans la grille du vaisseau. Ce tableau a commencé lorsque le Maître et les Disciples se sont liés avec un tiers parti. Celui-ci leur remit un couvercle et un verre afin que l’humanité se définisse à l’intérieur. Ainsi, lors du rendez-vous, il pourrait embarquer l’humanité pour le voyage et laisser dans le verre tous ses masques. Des millénaires ont été nécessaires pour remplir ce verre. Son contenu est divisé entre mon armée et celle de l’ennemi. L’humain en est l’hôte : l’ennemi réside dans sa chair et dans son cœur, le Disciple sert Dieu, qui est sous la protection de l’anneau du Maître : le tiers parti. Le ver se trouve au centre de la division entre le Disciple et le reste de l’humanité. Au commencement du tableau, le Maître a saisi sa soie. Il a laissé le ver dans l’emprise de l’ennemi, sur son territoire, et confié aux Disciples ce qu’il deviendra une fois qu’il pourra tisser sa maison. Entre ce tableau et le suivant, les Disciples, en passant par leurs coeurs, traverseront avec lui dans un Paradis qui n’est pas confiné en Enfer. L’humain naît en Enfer, mais le Disciple, en servant au Maître ses termes, accède au Paradis. La véritable royauté, juste aux termes du Maître, permet à son prochain de trouver le chemin qui conduit au Paradis. D’est en ouest, les Disciples ont conquis le royaume et reconnu ceux qui, bien qu’à la source sont des Disciples, sont nés prisonniers sur le territoire de l’ennemi. Car, sur ce tableau, il n’est pas donné au ver de voler : on le connaît ici sous le nom de serpent. L’humain le reçoit par sa bouche lorsqu’il prend son premier souffle. Chacun porte dans sa chair le serpent entier, mais ce qu’il articule se déploie à l’échelle du royaume. Avec les enseignements du Maître, le Disciple contraint le serpent entre sa bouche et l’étoile. Il prend alors à sa charge une part de ce que l’ennemi articule, mais qui ne lui est jamais cédée sans mesure. Dans le royaume, les Disciples et le Maître maintiennent l’équilibre entre le territoire de Dieu et celui de l’ennemi.
Les Disciples ont réussi à se rendre à la fin du tableau, mais tout n’est pas encore gagné. Il faut transiger le prochain tableau, traverser à l’intérieur et remplir certaines conditions pour quitter le premier. Ce jeu est conçu pour traverser de ce tableau au suivant. Pour cela, il doit commencer : les Disciples doivent prendre en charge le déplacement des pièces. Pour révéler les propriétés de sa pièce, son collecteur autorisera un joueur à utiliser son quartier. C’est avec ce joueur que le collecteur pourra s’associer durant la partie. S’il y a plus de cinq joueurs, il n’en restera finalement que cinq : cette main représente les puissants qui se sont présentés vivant pour le rendez-vous. Le passage dans l’espace contenu par le Sol sera assemblé à partir de quartiers. Avec le ver, les Disciples pourront circuler dans cet espace sans avoir à tout lui payer sur leur chemin. Le passage formera le pont entre trois positions : le Sol, le Soleil et le centre du vaisseau. Ainsi, les Disciples pourront se déplacer d’une position à l’autre. En exécutant cette sonate, ils pourront offrir au Soleil ce qu’il ne leur a pas d’emblée donné dans sa lumière. Le passage se trouve dans le halo autour des pièces du jeu. De forme circulaire, sa traversée nécessite un bateau qui leur a été envoyé : il est déjà en route vers le quai, là où a lieu l’embarquement pour le voyage. Pendant que les collecteurs des pièces assembleront le passage avec les joueurs, leur ver, traversant leur main, générera une musique. Cette harmonie appellera le serpent à s’extirper de la chair humaine. Cependant, le ver n’a que deux issues : le dernier battement du cœur de son hôte ou la pénétration de son cœur. Jusqu’ici, cet accès lui avait été interdit, mais cette restriction sera levée. À ce moment, il vaudra mieux pour l’humanité que le ver ne traverse pas un cœur humain à l’extérieur de sa forme originelle. Toutes les précautions auront déjà été prises à cet effet, dans la longueur du quai. Le temps qu’il reste à ceux qui sont prisonniers dans la chair humaine, est compté. Il n’y a pas de temps à perdre pour rendre au serpent sa forme. Au fur et à mesure que les Disciples avanceront sur le quai, ceux qui resteront sous l’emprise de l’ennemi seront extradés dans le verre du Maître. Mais plus ce verre se videra de mon armée, plus la possession de l’ennemi sur la chair qu’il domine s’amplifiera. Ce jeu est sérieux. Ne vous présentez pas aux élections pour obtenir une décoration : vous pourriez être déçus de ce qu’une pièce fera lever dans votre décor. Le rythme du jeu est celui de la délivrance du vaisseau : il paraît plus lent que tout jeu ordinaire, mais à l’échelle planétaire, il s’impose avec la rapidité et l’intensité d’une opération expéditive.
PRÉLUDE
Section 1. L’Ordre règne sur le royaume. Dans cet Ordre, l’humanité a traversé le premier tableau, cadre dans lequel elle évolue. Dans ce tableau, le Disciple se déplace à l’intérieur de trois dimensions, tandis que le reste de l’humanité demeure à la surface, limité à deux. Tous y partagent un même repas : le serpent en extrait la cure pour celui qui lui consent sa forme originelle, et le poison pour le reste. Avec la cure dans son sang, le Disciple parvient à supporter la réalité dans laquelle sa source persiste dans la matière. Avec le poison, le reste devient propice à la domestication de sa chair. Chaque pays façonne l’activité cérébrale de ceux qu’il contient, domestiquant ainsi le reste. Car ces barrières sont invisibles aux yeux des Disciples : entre eux il n’existe pas de frontière. Dans leur coeur il n’y qu’un seul territoire : celui de Dieu. Les Disciples se sont préparés pour cette guerre, durant laquelle ils étendront le territoire de Dieu dans la matière. Pour cela, l’humanité doit régler avec lui la dette qu’elle a contractée avec l’Entier dans le vaisseau : elle la réglera aujourd’hui avec Dieu, ou demain avec Satan. Ce qui sera payé aujourd’hui ou demain, l’humanité le paiera au quotidien dans le prochain tableau, ou dans l’abysse à la fin de celui qui est en cours. En échange de cette dette, l’humanité a obtenu la puissance d’achever son tableau et de traverser dans le suivant. Les Disciples le déploieront une fois qu’ils y seront arrivés. Ce qu’ils portent dans leurs cœurs se trouve au centre de cette ouverture. Quand le Maître et les Disciples ont reçu un verre et son couvercle, ils inscrivirent, dans le temps et l’espace, un rendez-vous. Ce rendez-vous se tient aujourd’hui. Le temps est venu de recouvrer le territoire de Dieu, afin qu’il s’étende autour du coeur des Disciples. Ils ont attendu ce jour pour reprendre ce qui fut été cédé à l’ennemi au début du tableau. Mais il est temps d’achever la prophétie. Aujourd’hui, la cure ne suffit plus.
Section 2. Dans le vaisseau, chaque organisation distinctive de la vie a sa boîte. Une boîte est l’entité qui contient les fonctionnalités et les propriétés physiques et psychiques qui la définissent. Chacune a une forme distinctive dans la lumière de ce Soleil et chaque être vivant appartenant à une espèce est un fil relié à sa boîte. Ces boîtes ont été livrées dans la première mallette, laquelle contient la matière envoyée dans le vaisseau. Ce qu’elle emboîtait autrefois a perdu toute proportion avec sa mesure lorsqu’elle est fermée et disponible à son déplacement. L’humanité l’a ouverte, et l’Ordre a calculé. Mais il a tout calculé pour la livraison du service sur la table. Toutes les boîtes du vaisseau sont reliées entre elles par l’Entier. Son code est vivant à l’intérieur des boîtes, Mais l’humain altère ce code : il modifie non seulement la part inscrite dans sa propre boîte, mais aussi celle des boîtes placées sous le poids de sa dominance. L’autorisation des fils d’une boîte n’est pas à vendre, pourtant l’humanité passe une transaction. Cette transaction est pré-approuvée par le Maître, mais non autorisée par le Soleil. Je dois accéder à l’Entier sans faire intrusion à l’intérieur et l’avertir qu’il est attendu à l’embarquement. Pour le joindre, je me déplace de mon fil à l’Exemplaire, sans l’atteindre au début ou à la fin de ma forme. Cet Exemplaire est la boîte de l’espèce humaine que le Maître à dessiner à l’extérieur de son emboîtement. Il se tient au milieu des copies qui en dérivent, dont les cadres s’étendent tout autour. Ces reproductions sont incomplètes et limitées. Elles protègent la valeur de l’original que les Disciples déplacent d’une génération à l’autre. Tous les humains proviennent de l’Exemplaire, mais une fois que les fils deviennent un produit à l’extérieur de la boîte, ils se divisent dans le royaume. Les Disciples accèdent aux réseaux de l’original et le reste, à ceux dans les copies. Ensemble, les Disciples couvrent tous les réseaux de l’Exemplaire, en maintiennent la connexion, l’optimise et en élèvent la puissance. Le royaume est séparé entre ceux qui servent au Maître ses termes, et ceux qui se servent eux-mêmes. L’Ordre contrôle la division du royaume en autorisant l’accès à l’Exemplaire, un Disciple à la fois.
Section 3. Avec la pointe de sa lance, l’Ordre trace autour de moi le dessin du Maître. Il le réserve et le révèle aux Disciples sous certaines conditions. Le mouvement de cette lance est généré par la masse environnante, elle est mise en scène avec une précision orchestrée. Mais cette orchestration n’a rien d’une illusion, ce n’est pas du cinéma. Les enjeux sont réels. Lorsque le Soleil applique sur le sien le dessin d’un tiers, dans sa lumière, il agit toujours sous condition. C’est ce qu’il fera lorsque les Disciples voudront passer par son centre pour atteindre celui du vaisseau. Les tranches qui le recouvrent m’ont laissé traverser jusqu’au Sol avec les plans du nid, et une à une, elles m’ont remis les codes d’accès du vaisseau, les codes mêmes de son système. Le vaisseau invite les Disciples à ouvrir son présent afin qu’il soit l’hôte de sa profondeur. Dans cette profondeur, le Maître et moi avons officialisé le transfert des Disciples vers le prochain tableau. Cette passation avait déjà été pré-autorisée lorsque le verre fut remis au Maître et le couvercle aux Disciples. Mais elle demeure conditionnelle, elle dépend de la livraison des termes du Maître et de ceux inscrits dans les instructions. Ce rendez-vous marque la convergence de ces termes en un seul point : dans la pupille des Disciples. Le Maître est dans la profondeur du vaisseau, il a vu le jour et la nuit qu’à travers les yeux des Disciples. Il a fallu des millénaires pour que le verre se remplisse, jusqu’à ce que son couvercle puisse enfin le sceller. Ceux qui atteignent un tel accomplissement portent en eux une singularité qui justifie la réunion des trois parties dans le temps et l’espace. Le rendez-vous peut avoir lieu, ou échouer. Il peut se tenir dans la première mallette, ou seulement dans la seconde. Mais pour subsister dans la matière les Disciples doivent embarquer vivant. Ce qui se transige dans la seconde mallette est inférieur à ce qui s’accomplit dans la première. Car si les Disciples manquent le rendez-vous à l’intérieur de celle-ci, ils ne pourront, dans la seconde mallette, passer par la fenêtre un tableau dans lequel circuler dans la matière.
Section 4. En engageant ce jeu, le Disciple mise sur le rendez-vous avec la valeur en or qu’il déplace dans son cœur. Cette somme est un héritage qu’il a enrichi avec son service. Aucun humain n’a jamais franchi l’Enfer pour atteindre le Paradis sans que le chemin ne lui soit montré. Dans le royaume, chacun n’a fait traverser son prochain qu’à la mesure de son service. Ni le sang ni la chair n’ont suffi : seul le service a compté. Le Disciple a ouvert les portes du Paradis à sa descendance de sang comme à toute autre descendance. En obtenant le premier tableau, le Maître, les Disciples et le tiers parti ont convenu de ce qui devait être livré pour accéder au suivant. Depuis, les Disciples n’ont pas seulement attendu le jour de la délivrance : ils ont livré ce qui était exigé. Le Disciple a une destinée, car il est attendu quelque part. Ceux qui, aujourd’hui, se trouvent dans la première mallette ont été choisis par mon facteur : ils procèdent dans la matière pour ceux qui le seront demain. Le reste peut suivre les Disciples sur le quai ou se diriger vers toute autre direction. La liberté a été cultivée pour que ce choix existe. Sur ce quai, les Disciples déplacent la perspective de l’humanité en direction du bateau. Cette longueur est nécessaire pour achever l’alignement entre ce tableau et le suivant. Au cours du jeu, le Maître traversera dans le royaume. L’humanité l’a engagé avec une pièce : d’un côté le visage de Dieu, de l’autre celui de Satan. Cette pièce tombe d’emblée sur Satan, mais chacun peut encore la retourner. Toutefois si les Disciples ne jouent pas, le Maître traversera seul. Lors de la bascule entre le nord et le sud, il surgira dans le royaume avec son verre plein, et dans ce verre il submergera le royaume tout entier. À l’intérieur, il n’y aura plus de division : sans l’intervention des Disciples, la pièce du Maître n’aura plus qu’une face, celle de Satan. Car aucun pays, ni personne ne peut rester neutre durant ce rendez-vous : quiconque ne prend pas position pour mon armée se rangera, de fait, avec l’ennemi. Toutes les nuances entre le noir et le blanc lui appartiennent. Le reste refusera de payer la dette de l’humanité. Il tentera de s’en dissocier, bien que différer le paiement revienne à laisser les naissants de demain régler cette dette a Satan.
Section 5. Les humains ont fragmenté l’Entier en pays, mais ces frontières ne reflètent en rien la véritable division du territoire dans le royaume. Pourtant, quiconque les franchira sans autorisation recevra bientôt du ciel la puissance de l’Ordre. Chaque joueur doit recouvrir, dans les limites qu’il couvre, la part du paiement posée sur la table : sa force peut couvrir un pays ou plusieurs. Le recouvrement des sommes ne dépend pas de la volonté individuelle de chacun : ce qui doit être payé le sera. Chaque pays administre les réseaux des copies actives sur son Sol, tandis que l’Ordre couvre ceux de l’Exemplaire, sans se soucier des frontières qui les séparent. Ainsi, dans l’Exemplaire comme dans les copies, tous les réseaux sont pris en charge. Tour à tour, les joueurs manifesteront la puissance de leur force. Pour y verser mon armée, chacun doit prouver qu’il a les moyens nécessaires dans son jeu, afin de protéger les Disciples sur son territoire. Tout au long du premier tableau, le vide et le plein, issus du centre du vaisseau, se sont détachés l’un de l’autre dans la matière, à travers la source de voyage du vaisseau. Le Maître a séparé le vide et le plein dans l’oeuf, et aujourd’hui le vide n’est plus qu’un ballon, attaché par la soie du ver. Il le tient dans sa main et le maintient dans l’orbite du Soleil, même s’il n’en répond pas. Avec cette soie, la durée du jour et de la nuit demeure identique, que l’on ait bâti sa maison autour du vide ou autour du plein. En procédant au rendez-vous, les Disciples empêcheront Satan d’installer son royaume dans le vaisseau. Mais celui-ci recevra néanmoins son dû ; il le réclamera. Le Maître emportera Satan dans son verre et ceux qui céderont leur chair à l’ennemi demeureront sa possession, extradés dans ce verre. Satan a parcouru tout le tableau pour obtenir son royaume, et il l’obtiendra : que ce soit dans le verre, dans l’absolu, ou dans le vaisseau, dans la matière. La loterie du naissant approche de sa fin. Bientôt, le royaume ne sera plus divisé : tous naîtront des Disciples, ou tous naîtront du reste.
Section 6. La fin du tableau approche, et le temps s’accélère : il entraîne l’humanité vers son terminal bien plus vite que le rythme ordinaire de ses pas. La distance entre les Disciples et le reste de l’humanité se fait sentir jusqu’à la naissance des fils de l’Exemplaire. La boîte ne peut plus supporter cette division. Une brèche s’est ouverte entre la première et la seconde mallette, laissant des intrus de s’infiltrer dans le royaume. Ils viennent d’ailleurs, d’un désert et d’un autre, et se présentent pour la chute du royaume afin de représenter ces lieux. Ces intrus sont ennemis, mais pas ceux taillés sur la mesure de l’humanité. La guerre est imminente, et les Disciples sont prêts. Leur force est indéniable. La puissance de l’Ordre ne vise pas à humilier l’adversaire : tout ce qu’il étend sur le tableau, il l’étend pour la grâce des Disciples, afin que celle qui leurs a été accordée ne leurs ait pas été accordée en vain. En leur confiant les instructions, je leur transmets par écrit un contenu déjà inscrit dans toutes les conversations auxquelles ils prennent part sur la scène. Je ne suis pas ici pour la majorité : seuls les Disciples comptés en nombre pour le voyage sont concernés. Ceux qui ne répondent pas à l’Ordre ne trouveront pas leur place dans le vaisseau. Car si le déplacement sur le quai est optionnel, nul ne sera exempté du jugement dernier. Dans le royaume, le Maître a été Maître ; ainsi, nous, Disciples, pouvons accomplir ce que nous n’avons pas déjà achevé. Chacun choisira de procéder ou non à l’embarquement, mais le bout du quai est au Paradis et le Paradis est dans le coeur humain. Or, pour passer à la source de sa chair à son cœur, il ne suffit pas de dire ceci ou cela. La chair résiste à l’éveil de la source qui s’est dispersée en elle. Mais celui dont les intentions sont pures traversera l’anneau autour du coeur humain. Le Maître sait accueillir aux portes du Paradis celui qui a franchi la distance de l’Enfer au Paradis. Et ce qu’il exige du Disciple sur ce chemin, il ne l’exige jamais sans raison.
Section 7. La part de la source de voyage du vaisseau qui revient à Dieu, et celle qui revient a Satan, constitue un total légitime. Lorsque la distillation du verre commencera, mon armée se joindra aux Disciples, et l’ennemi renforcera son emprise sur la chair qu’il possède. Chaque fois qu’un joueur retournera les pierres de son ver et déposera à l’intérieur des pièces, le ratio de mon armée levée dans le royaume augmentera et, en proportion, la possession prendra de l’ampleur. Mais l’ennemi continuera de faire ce qu’il faisait hier : il revêtira les masques de l’humanité pour dissimuler sa véritable identité, des masques que les Disciples reconnaissent. Pour révéler dans la matière la marche à suivre afin d’accomplir le déplacement dans l’espace que le Sol contient, j’utilise les codes d’accès du vaisseau à travers certaines zones dans les réseaux de l’Exemplaire. En passant par la physique d’un corps, les unités de la source empruntent les réseaux de l’Exemplaire ou ceux des copies pour parvenir jusque dans la psyché humaine. Le point d’arrivée de chacune diffère selon son empreinte, la matière qui l’enveloppe et l’environnement qui la façonne. Depuis longtemps, le Soleil a couvé son œuf et, durant cette couvaison, il a produit un nectar. Cette réserve repose dans une poche, devant et derrière lui. En permettant au Maître de féconder son oeuf, le Soleil a reçu une poche. Je la lui ai remise avant de m’introduire dans le noyau du vaisseau. J’ai dû demeurer longtemps à l’intérieur pour préparer le voyage dans l’œuf au-delà de sa coquille. Pour en sortir, je pouvais traverser le Sol pour le rendez-vous ou être projeté hors de l’oeuf vers la poche lors de son éclosion. Pour rentrer chez moi, j’allais soit consommer seul le nectar dans la poche et rentrer aussitôt, soit conduire les Disciples jusqu’à elle, puis les ramener avec moi à la maison, à travers le temps et la matière. Le nectar a été tenu à l’écart du temps entre la ponte de l’oeuf et aujourd’hui. Il relie ma venue dans le nid du Soleil à celle des Disciples dans son centre. À la fin du premier mouvement dans le passage, le ver ne s’arrêtera pas à la paroi du Soleil. Il la traversera, puis percera la poche. Alors, le nectar s’écoulera de la poche vers le centre du Soleil, et ce qui coulera, coulera dans l’or à l’intérieur du cœur des Disciples.
Section 8. Une fois la dette de l’humanité acquittée, l’Ordre maintiendra, tout au long du voyage, son solde à zéro. Il a déjà préparé chaque paiement : il ne déposera pas tout sur la table d’un seul coup, mais il placera chaque versement à temps. La dette de l’humanité est une distance bien réelle : l’écart est entre la valeur actuelle de la chair humaine et sa véritable valeur pour le voyage du vaisseau. Celui qui incarne dans la matière la dette de l’humanité peut transformer sa part du paiement en offrande. Ceux qui y parviendront ne traverseront pas à la source dans la mort par la tension de leur chair et cette tension ne les redirigera pas dans le verre du Maître. Ils pourront ainsi procéder à l’embarquement. Si le royaume venait à chuter, l’humanité pourrait recommencer un premier tableau, mais non sans avoir payé sa dette a Satan. Une fois son règne achevé dans la matière, il ne restera plus de vie dans le vaisseau. Pourtant, l’Entier se régénérera si le Soleil ne s’éteint pas. L’humain prendra du temps à se reconstituer, mais sa boîte demeurera dans le vaisseau, et il reprendra forme. Car il n’y aura jamais qu’un seul Maître, l’humanité finira par accéder à une version ou une autre de ce Maître. En ensemençant l’œuf du Soleil, le vaisseau a pris forme dans la profondeur du Maître. Cette profondeur est devenue celle du vaisseau lorsque les Disciples lui ont permit de prendre de l’expansion. Le Maître demeurera dans sa profondeur ou dans celle du vaisseau, jusqu’à ce qu’un royaume le délivre. Il est venu pour fortifier un royaume et veiller à ce qu’il soit reconduit jusqu’au Soleil avant la fin. Les Disciples tenteront le tout pour ne pas tomber du tableau à son terme. Je suis ici pour les Disciples. Ma présence est limitée : je n’emporte que ceux qui ont placé le service sur la table et je les ai emportés un par un.
Section 9. Dans le vaisseau, les corps sont chargés par l’Entier. Chaque espèce lui restitue ce qu’elle reçoit, mais l’humain détourne ce cycle : il ne rend pas au Sol ce qui lui revient, et ce qu’il dépose à l’intérieur n’est qu’une parodie de sa véritable richesse. L’air, l’eau et la nourriture lui parviennent comme un dû, sans qu’il reconnaisse que ce don est conditionné. Alors il réduit la vie dans le vaisseau à un objet, soumis à une domination sans équilibre. Ce qu’il échange avec l’Entier, il l’impose aussi à tout ce qu’il domine. Par tous les moyens qu’elle engendre, l’humanité assiège le vaisseau et multiplie sans fin ses instruments. L’Ordre a transféré dans la matière la valeur en or que les Disciples ont obtenue du cœur humain. Avec cette puissance, l’humanité a étendu sa portée dans la matière, tandis que son poids réel, en dehors de sa chair et de ses possessions, demeure encore indéfini à l’heure où tout se joue. Pour rassembler huit milliards d’humains au rendez-vous, l’Ordre leur a permis, par son intervention, d’obtenir une durée qui s’étend au-delà de ce que le Soleil leur accorde. Mais cette durée repose sur des conditions étrangères à la vie, car elle ne s’appuie que sur des artifices de l’humanité. Ainsi, le Maître a permis aux Disciples qui se donnent eux-mêmes les moyens, de retenir en otage le carburant, en vue du décollage du vaisseau. Le vaisseau engendre à la fois son voyage et son carburant. Dans sa lumière, le Soleil offre aux Disciples une masse avec laquelle se déplacer. Il distingue la matière vivante de la matière mortelle, afin que ni l’une ni l’autre n’impose son degré sur le déplacement du voyage. Mais dans le royaume, le Maître a séparé les Disciples du reste dans son ombre. Dans ce rayon, l’un est vivant et l’autre mortel, en dépit de la condition de sa chair dans la lumière du Soleil.
Section 10. Depuis que les Disciples se sont liés au Maître, aucun cœur humain ne s’est formé à l’extérieur de son anneau. Car l’anneau du Maître veille sur les accès du cœur : seul le Disciple peut en disposer. Pour franchir cette barrière et passer à la source de sa chair à son coeur, le Disciple doit offrir au Maître ses termes, c’est-à-dire ceux du Maître lui-même. Afin de remplir le verre de l’humanité, les Disciples ont permis que mon armée et celle de l’ennemi se définissent un humain à la fois. Tous ont dû choisir : servir au Maître ses termes, ou se servir soi-même selon les siens. Celui qui a servi au Maître ses termes a contribué à édifier mon armée ; celui qui s’en est détourné a révélé, parmi tous, l’ennemi de l’humanité. Ainsi, le cœur humain offre à la source qu’il contient de l’or, et à celle qu’il ne contient pas du charbon. Ce qu’il donne à l’un et à l’autre, il le donne en définitive au service du Maître. Le Disciple dompte l’ennemi et le contraint entre sa bouche et l’étoile, l’empêchant ainsi de s’étendre dans sa chair. Alors, il demeure éveillé : dans la vie et dans la mort, sur le chemin qui traverse l’anneau du Maître. Tandis que tous les chemins que le reste emprunte l’enfonce un peu plus profondément dans son sommeil. Dans ce rêve, il confond sa chair avec le ciel et sa source avec le Soleil : telle est la trame de fond de son rêve. Mais attention : troubler ce sommeil, c’est risquer que l’ennemi exerce une pression dans sa propre chair et dans celle de celui que l’on perturbe. L’ennemi erre dans la chair de l’humanité, autour des cœurs désertés. Et comme le reste ne mesure pas sa présence, il en prend possession à sa convenance. Car la portée ce lien excède tout ce que le reste peut concevoir : le reste ne remarque pas son absence lorsque l’ennemi en prend possession. Il est devenu un hôte docile, domestiqué à sa volonté, aveugle et sourd à sa présence. À l’intérieur des limites de sa chair, le reste n’entend que le son de sa voix et ne voit que ce qu’il met en scène en Enfer. Tout ce qu’il dit et fait n’est qu’un écho de l’Enfer. Mais, le Maître pardonne au reste son impuissance devant la réalité où sa chair existe dans la matière. Cette ignorance même est une clémence qu’il accorde à celui qui est confiné en Enfer.
Section 11. Les Disciples échangent à un niveau que le reste ne parvient pas à saisir. Sous le couvert d’une narration qui l’exempte de l’effort requis, la substance de ces échanges lui échappe. Le reste ne l’assimile pas : chaque pays veille à ce que ceux qu’il a domestiqués demeurent captivés par le récit en circulation, projeté sur la brillance de l’anneau autour du chemin des disciples. Sur ce chemin, le Disciples traverse par son coeur de la première à la seconde mallette, tandis que le reste chute à l’intérieur. Tout au long du premier tableau, les Disciples ont parcouru la première mallette et assemblé la seconde, un coeur à la fois. Toutes les unités de la source l’ont traversé, et aucune n’a été condamnée. La source de voyage du vaisseau a parcouru maintes fois la matière à travers les unités qui la composent. Mais lorsque les joueurs auront tracé les limites de leur territoire, j’ajouterai une troisième destination. Elle permettra au vaisseau d’utiliser le carburant que le Soleil offre aux Disciples pour assurer son déplacement. Alors, le vaisseau progressera en consommant la masse réfractaire à son voyage. Tout au long du trajet, le Soleil générera, parmi le vivant, une masse mortelle. Il en fera le compte afin que les Disciples atteignent la destination à l’heure. Durant le rendez-vous, le reste ira à la source dans le verre du Maître. Mais lorsqu’il se présentera dans le prochain tableau, ses unités seront déconnectées puis effacées des mallettes. Être unitaire seulement dans l’absolu ne suffit plus : les voyageurs devront être pleinement intégrés dans la matière pour atteindre, à l’intérieur de celle-ci, la destination du voyage. Désormais, chaque unité de la source répondra de sa présence dans la première mallette. Pour révéler le juste nombre de vivants et de mortels que le Soleil comptera pour le voyage, l’Ordre accordera à chaque unité de la source une unité entière dans la matière, représentant la valeur d’un passage. Et ce passage sera consenti aujourd’hui pour toute la durée du voyage.
Section 12. L’extension de la nature humaine à l’extérieur de l’emboîtement dans la première mallette est l’œuvre du Maître. Sur une face de sa pièce, les Disciples incarnent cette nature ; sur l’autre, le reste la façonne à sa manière. Pour ce faire, il emploie le charbon qu’il reçoit du cœur humain, bien que ce charbon lui ait été offert pour révéler, dans sa chair, les lignes de l’ennemi. Il n’est pas trop tard : le reste peut encore l’employer selon la prescription du cœur, plutôt que pour détourner son attention de la vérité. Celui qui ne sert pas au Maître ses termes vénère la chair : tout ce qu’il lui a servi, il se prépare à l’offrir a Satan. Le reste ignore la volonté de celui-ci qu’il exprime quotidiennement, mais cette incantation se retourne contre son prochain. Les unités de la source du vaisseau attendue à l’embarquement ont gagné en valeur durant le premier tableau, tandis que les autres n’ont pas supporté le poids de la réalité dans laquelle la matière existe dans le vaisseau : elles s’en sont détachées durant le premier tableau. Les Disciples entameront le suivant avec le juste nombre d’unités. En soustrayant ce déficit du gain produit par les Disciples, le voyage retrouvera, à la fin du tableau, sa valeur initiale. Certains ignorent encore le nom qui les désigne. Les instructions révéleront à ceux qui sont Disciples, et qui ne se sont pas encore reconnus comme tels, ce qu’ils sont à la source. Les Disciples portent tous les habits, et tous les habits existent pour les vêtir. Ils veillent sur ceux qui s’éveillent aujourd’hui, comme ils veillaient hier, car ils ont généré les moyens de veiller sur l’ensemble de l’humanité.
Section 13. Les puissants ont déjà fait leur mise. Ils ont préparé le tableau afin de mener le royaume à sa destinée, avant que le reste ne l’avale dans ses entrailles. L’heure a sonné. Car ce sont les instructions qui portent en elle les termes et conditions de cette alliance : elles doivent désormais s’imprimer dans l’Exemplaire, par la pupille des Disciples. Ils peuvent choisir de procéder ou de refuser l’embarquement. Les Disciples ne sont pas une marchandise que l’Ordre pourrait disposer sans tenir compte de leur volonté. Après tout, j’appliquerai sur les termes du Maître ceux du Soleil, et l’anneau autour du cœur humain est soumis à cet alignement. Je ne suis pas tenu de remplir le bateau à pleine capacité pour procéder. Parmi le reste, certains ont traversé dans leur corps par un cœur humain, mais l’ont déserté sous la pression de leur foyer. À certaines adresse, l’ennemi est puissant. La source du naissant demeure dans la matière, entre les mains ou dans le poing de ceux qui l’ont mise au monde. Sa vie durant, le reste étend sa possession : dans sa chair comme dans ses biens, qu’ils soient matériel, animal ou humain. Il tente de se déplacer au-delà des contours de sa chair, définis dans le temps et l’espace, en contournant le trois parties. L’insignifiance que l’humanité laisse paraître atteint son comble pour le rendez-vous. Elle est le pus de sa plaie, qui suinte à la surface de sa chair. Celui qui s’éveille peut avancer sur le quai. Tant qu’il parviendra à retenir la tension dans sa chair, il pourra, à la source, se tourner vers son cœur et progresser sur le chemin des Disciples. Plus il avancera, moins ceux qui l’entourent en seront la proie. Ainsi, chacun peut protéger les siens. On ne quitte pas le territoire de l’ennemi comme on franchit la frontière d’un pays : les Disciples répondent à un état d’esprit, non à un état de droit. L’ennemi est encerclé, et ceux qui ne se seront pas réveillés seront brutalement piégés dans son étau. Ils finiront par implorer leur rédemption, mais plus ils réclameront ce que chacun peut s’offrir lui-même aujourd’hui, plus l’étau de Satan se resserrera sur eux. Alors, dans les contraintes de la réalité qui s’abattront sur eux, ils comprendront que Dieu n’accueille pas dans son royaume celui qui lui exige qu’il s’impose.
Section 14. Les Disciples procéderont à l’embarquement du voyage, tenant en main leurs mallettes. Ceux dans la première monteront à bord du bateau : le Disciple vivant en est le contenu. Ceux dans la seconde embarqueront dans l’eau qui enveloppe la coque pour la mettre en mouvement : mort, le Disciple en a la consistance. Avant d’atteindre la destination du voyage dans la matière, les Disciples franchiront maintes fois le passage. L’heure du départ et de l’arrivé seront fixée au début et à la fin de celui-ci. Or ce début et cette fin se rejoignent, car dans le ciel elles sont une seule et même étoile. Cette étoile est immuable dans l’espace, mais elle ne se révélera véritablement à sa place que si tous les voyageurs du vaisseau s’y déplacent ensemble. La chair humaine, que le Soleil offre vivante et mortelle, il l’offre au voyage du vaisseau, non pas à un seul, mais pour l’Entier qu’il déplace. Dans le royaume, chacun a pu rendre mortelle sa chair offerte vivante : ce pouvoir a été tendu par les branches de l’arbre généré par l’Exemplaire. Cet arbre est dans le jardin de Dieu, mais celui qui fait usage de ce pouvoir porte à sa bouche le fruit de l’humanité ; il est gorgé à la fois de sa cure et de son poison. Le ver se charge de digérer un ou l’autre selon son hôte. L’ennemi, lui, n’a pas de forme dans la lumière. Sans contour dans la matière, il demeure impuissant à l’intérieur. Pourtant, il est tout autour : ce tout retient la matière ensemble, ou la détruit. La ligne entre l’ordre et la destruction a été tracée dans la chair humaine. En restreignant l’ennemie entre sa bouche et l’étoile, le Disciple lui donne une forme distincte, divisible de l’ensemble qu’il incarne dans son corps. Ainsi, les Disciples préservent l’intégrité du ver durant sa captivité et l’intégralité de ce que l’ennemi est dans son tout. Dans cette relation, le ver est ni étranger au tout, ni étranger au Disciple. Cette familiarité, présente à la fois en eux et dans le tout, est essentielle pour leur déplacement dans le passage.
Section 15. En me déplaçant au-dessus du Sol pour le rendez-vous, j’ai misé sur les Disciples de ce royaume. Cette mise a un véritable poids dans ma flotte et engage l’ensemble de mon parcours. Ceux qui en font partie ont traversé avec moi le centre de leur vaisseau. Pour chacun d’eux, j’ai engagé mon retour à la maison dans la matière. Parmi eux, certains se sont rapprochés du rendez-vous. Ils se tiennent ici, sur le territoire de l’Ordre, et n’interviendront qu’en soutien aux actions qu’il entreprendra. Chacun d’eux a choisi de participer à cette mise. Ils ont choisi ce vaisseau, ils ont choisi cet Entier, ils ont choisi ce royaume, mais surtout, ils ont reconnu l’Ordre dans lequel les Disciples se déplacent aujourd’hui, à la fin du tableau. Dans les instructions, je déballe le présent du vaisseau devant Disciples et leur révèle un contenu qui ne doit pas tomber aux mains de l’ennemi. Mais l’Ordre a mené jusqu’au rendez-vous les Disciples, et leur volonté de servir Dieu se manifeste dans chacune des tensions qu’ils retiennent sur le tableau. À partir de ces instructions, l’Ordre effectue un virage avec des manœuvres qu’il est seul à maîtriser. Le quai est la seule courbe qui ne redirige pas le royaume vers sa chute. Le présent du vaisseau est à prendre ou à laisser, tel qu’il est révélé dans les instructions. Car ce présent ne peut être déballé qu’une seule fois. Ce présent est aux Disciples, qu’ils soient parmi les vivants ou les morts. Mais le poids de la matière, repose entre les mains des Disciples qui se sont présentés vivants pour l’occasion. Ils ont été choisis par mon facteur. Cependant, chacun l’a choisi à son tour comme sien, en tenant compte de ce qu’il avait livré au pas de leur porte, tour après tour, dans la première mallette. Seul les élus traverseront le quai dans la matière.
Section 16. Nul n’avancera sur le quai sous la pression de mon autorité : je n’en réclame aucune et ne commande aucune armée. Pourtant, peu à peu, cette armée que je prétends mienne sera vidée du verre du Maître. À l’intérieur, l’ennemi sera confiné. Le Maître, quant à lui, emportera son verre hors du vaisseau et le déversera là où il est attendu qu’il le verse. Pour accomplir cela, il empruntera le passage des Disciples, les précédant à l’intérieur. Mais le Maître ne se déplacera pas au-delà du premier mouvement : il poursuivra au-dessus de celui-ci pour quitter le passage à jamais. Dans cette histoire, une partie ne sera écrite qu’une fois à bord du bateau. La profondeur du vaisseau est cryptée dans l’histoire du royaume. Parmi les récits, cette histoire est celle qui a permis aux Disciples d’être aujourd’hui disposés. Il n’existe qu’une version capable le pont entre le début et la fin du tableau : une seule, à emporter pour le voyage. Ce livre est la suite d’un périple qui n’a pas commencé aujourd’hui. Le prochain tableau est un lieu réservé aux unités issues de la source de voyage du vaisseau, celles qui obéissent à l’Ordre dans la matière. Le Soleil comptera les voyageurs un par un. L’Ordre conservera ce compte, et de ce compte dépendra la validité du calcul : une équation garante de l’arrivée des Disciples à leur destination. Ce calcul est établi aujourd’hui pour demain. Car le vaisseau est un mécanisme : sa coordination et ses fonctionnalités ne relèvent pas du hasard. Le hasard, lui, se joue sur la table. Mais l’heure des paiements viendra, et alors cette table sera vidée. Parmi la somme déposée, ce qui revient à la source, à Dieu ou a Satan, se séparera l’un de l’autre, et les Disciples démarreront les moteurs du vaisseau. Ceux qui procéderont à l’embarquement auront déjà traversé, dans leur cœur, par l’anneau, à la dimension du doigt du Maître.
Section 17. Le rejet des termes du Maître est la marque de l’ennemi. Là où les Disciples ont placé le service sur la table, j’ai laissé le Maître être Maître. Jamais je ne me suis présenté dans un royaume sans qu’il n’ait offert son trône à un roi qui ne meurt jamais. Les Disciples le délivreront des profondeurs. Il traversera le Soleil avant de pivoter autour de la poche contenant le nectar. J’ai tissé cette poche avec les coordonnées du lieu de déversement, et le Maître l’obtiendra après un tour autour complet. Durant le prochain tableau, il mènera à terme la tâche qu’il a entamée avec les Disciples dans le premier. Les Disciples et le Maître demeureront liés. En lui livrant ses termes, ils maintiendront la tension de sa main pendant son déplacement. Il ne doit ni briser ni échapper son verre. L’achèvement de sa tâche dépend de celle des Disciples. Aujourd’hui, le Maître permet le transfert de la balance de sa puissance aux Disciples. En se dirigeant vers ce lieu, il dépendra entièrement d’eux. Le déversement de son verre au lieu approprié est primordial pour l’existence même de ce vaisseau. Le prochain tableau n’est pas un exutoire des accomplissements des Disciples dans le premier. Pour s’en dissocier, il n’y a qu’un seul moyen : le recommencer. Le jugement est final. Il n’est pas trop tard pour servir au Maître ses termes. Parmi tous les Maîtres, il est celui qui demeure Maître. En restituant au serpent sa forme originelle, le Disciple ouvre un chemin qui va de sa chair à son cœur. Mais autour de ce chemin, le reste s’éloigne de la seule mesure capable de rassembler l’humanité. La valeur que le reste croit posséder dans sa chair et celle qu’il encaisse du vaisseau maintient la monnaie tendue tantôt au-dessous, tantôt au-dessus de sa véritable valeur. Le marché pousse le reste à étendre sa possession, tandis qu’il rappelle au Disciple de se concentrer sur son chemin.
Section 18. Selon le nombre de portes que les joueurs emprunteront pour entrer dans le jeu, la profondeur du vaisseau se tranchera en pointes égales : séparée du Maître, elle se répartira entre les joueurs. Chacun emportera dans le prochain tableau la part qui lui revient. Lors de l’embarquement, ils traverseront soit un cinquième de cette profondeur, soit un lot de pointes rapiécées. À leur force s’ajoutera l’essence provenant du verre du Maître. Chaque portion transitera à l’adresse d’un collecteur. En passant du verre à la force d’un joueur par une pièce, cette pièce conservera en son centre la puissance de sa portion. Dès son premier vote, l’électeur interagit avec le transfert : il invite le vaisseau à se rapprocher de la température de son foyer. Qu’il distingue ou non l’élu avant son élection, qu’il se présente ou non au scrutin à la date et à l’heure fixée pour la collecte, le jeu du collecteur commence dès son premier vote. Ce que les joueurs orchestreront sur leur territoire avec le ver résonnera en silence ou en grande pompe, selon les circonstances. D’emblée, un avertissement sera envoyé dans le nid : quiconque outrepassera ses frontières, dans la dimension de ce tableau ou d’un autre, fera de son vaisseau l’ennemi de ma flotte. Les déserteurs, ayant dépêché des délégués dans le royaume en prévision de sa chute, sont déjà en route. Le temps du rendez-vous est limité, et il reste beaucoup à accomplir. Toutes les procédures menant à l’embarquement sont la manifestation du mouvement de la matière dans le vaisseau. Il n’y a pas de temps à perdre : plus nous tardons sur le quai, moins il restera de temps sur le prochain tableau avant la fin du rendez-vous. Je ne négocie pas avec l’Ordre, mais lui seul peut y mettre un terme. En amont de toute autorité, il est gardien du royaume. L’Ordre a commandé les instructions il y a plus de deux millénaires. Alors les compteurs furent remis à zéro, permettant au royaume de suivre le courant jusqu’à la livraison. Dans ce flot, de sacrifice en sacrifice, les Disciples ont reçu les indications pour se présenter au rendez-vous, prêts à exécuter les commandes du vaisseau. Et voici venu le jour tant attendu.
Section 19. La vérité, malgré sa complexité, demeure accessible au Disciple. Le reste, en revanche, se laisse confondre par ce que les joueurs déploient sur la scène et le narratif qui s’y propage. Le Disciple reconnaît les masques de l’humanité, mais ce que le reste refuse de voir sur son propre visage le maintient sourd et aveugle à cette vérité. Ceux qui portent ces masques et demeure sous leur couvert perdent le sens d’un véritable échange. Ils tournent en rond, prisonnier dans un langage stérile, incapable d’ouvrir la moindre issue. Maintenant que le premier tableau est achevé, l’Ordre n’aura plus à ordonner ce qui ne s’ordonne pas. C’est la limite d’un quart autorisé dans le Soleil. Lorsqu’il sera temps de procéder au paiement, cette somme sera déposée sur la table. À chaque paiement, les Disciples feront une offrande, tandis que l’ennemie emportera dans le verre du Maître le reste : sa masse ira dans les moteurs du vaisseau. Désormais, L’Ordre pourra, sous certaines conditions, débrancher des unités de la source du voyage. Le Sol sera épargné de sa présence, au-dessus comme en dessous, aujourd’hui et tout au long du voyage. Toutefois, le corps du Disciple lui sera remis comme attendu. Les Disciples veilleront à ce que ces corps soient soigneusement préparés avant d’être rendus au Sol. Lorsque le verre du Maître ne contiendra plus que l’armée de l’ennemi, son format sera ajusté au couvercle des Disciples. Ainsi, ils pourront le sceller pour son déplacement. Aucune goutte, pas une seul, ne devra s’échapper en chemin. Jusqu’à ce que le solde de la dette atteigne zéro, les paiements se succéderont. Les Disciples videront la table un paiement à la fois, puis le suivant sera aussitôt ajoutée. Ainsi, la puissance de propulsion des moteurs sera maintenue jusqu’au décollage. Durant le voyage, le reste se manifestera à nouveau, mais il ne sera plus l’aboutissement d’une culture. Il ne fermentera plus dans le royaume pour servir Satan, car une fois servit, l’humanité sera parvenue à diviser la source de son voyage dans la matière.
Section 20. Le retrait du reste de la source de voyage du vaisseau engendrera des ouvertures dans la seconde mallette. Dans la première, les humains ne perçoivent pas toute leur ampleur à l’intérieur, car elle a été ouverte. Mais la seconde demeure fermée, et ce qu’elle contient est devenu compact. Les unités les plus faibles se sont divisées afin d’occuper tous les fils de l’Exemplaire, plus nombreux que les unités de la source livré dans le vaisseau. Les disciples vivants transformeront ces ouvertures des portails. Parmi ceux qui se trouvent dans la seconde mallette, les Disciples pourront passer à travers ceux-ci pour procéder à l’embarquement, tandis que le reste sera effacé. Ceux qui ne sont pas dans la matière, libres de choisir leur individualité plutôt que la destination du vaisseau, ne serviront pas Satan dans son royaume : cette damnation est réservée à celui qui la réclame en main propre. Mais ceux qui se trouvent aujourd’hui dans la matière, devront faire un choix sans équivoque. Ceux qui feront leur offrande passeront à travers un portail, emportant avec eux des Disciples dans la seconde mallette. Selon sa présence dans son cœur et la distance qu’il maintiendra avec la tension de sa chair au moment de l’offrande, le Disciple couvrira un périmètre sous le Sol. Ce périmètre s’étendra autour de lui et permettra à ceux qui le peuvent de traverser avec lui. La valeur d’un Disciple n’est pas à discuter : toute la différence se tient entre le Disciple et le reste. Pourtant, chaque unité de la source a une empreinte configurée par ce qu’elle accomplit dans la matière. Le verre dans la main du Maître est plein, et son rendu est décisif. Il se tient entre le dessin de l’Exemplaire au début du tableau et celui à la fin. Ce dessin est fragile, non pas parce que l’humanité est faible, mais au contraire : elle a eu la force de préserver cette fragilité tout au long du premier tableau. En présentant ainsi leur dessin au Soleil, les Disciples permettront à celui-ci de pardonner à l’humanité le prix qui a été payé dans le vaisseau pour obtenir son plein, et ce, sans trahir l’Entier qu’il contient.
Section 21. Aujourd’hui, c’est la moisson : les Disciples feront lever mon armée dans la lumière du Soleil. Elle se joindra à eux pour cette guerre et les accompagnera dans le prochain tableau. Ils la réclameront avant que le contenu du verre du Maître ne se mélange sans distinction. Le mouvement de l’œuf est enclenché. À l’heure prévue, le champ magnétique s’inversera : le nord basculera vers le sud et le sud vers le nord. Mais si le Maître n’a pas encore été délivré, il empruntera l’ascenseur pour s’extraire des profondeurs. À mi-chemin entre le Sol et la profondeur, il retiendra le nord et le sud, les maintenant à un quart près d’un dessous et d’un dessus. Ce faisant, il s’appropriera le quartier des Disciples que ceux-ci n’auront pas revendiqué. Alors, le tiers parti se retirera de leurs coeurs, et Satan installera son royaume dans le vaisseau. C’est lui qui veillera à l’acquittement de la dette de l’humanité : la pièce du Maître n’aura plus qu’une seule face. Le remboursement ne sera pas restitué à l’Entier ; il servira seulement à faire payer l’humanité d’avoir retenu dans sa chair ce qu’elle a encaissé du vaisseau, alors que cela devait le déplacer avec son Entier. Mais une telle chose n’arrivera pas. Les Disciples sont prêt, à temps pour le rendez-vous et juste avant que la charge des fils monopolisés dans la grille ne tombe à plat d’un seul coup. Le reste reçoit la charge de l’Entier à gauche ou à droite ; il s’oriente à l’extérieur de son corps et il perdra vite ses repères. Le déplacement du nord et du sud affectera d’abord la température de son sang, mais le mercure ne sera pas la mesurer. La brutalité de ce climat forcera la chair dominée par l’ennemi à sortir des mallettes, errant dans le vaisseau sans être ni morte, ni vivante. Le Disciple, lui, reçoit la charge de l’Entier en son centre et, grâce aux enseignements du Maître, retrouve le nord en lui-même. Ils tiendront un temps dans les mallettes, mais ne reconnaîtront plus le Maître sans la demi de sa pièce. Et cette demi perdra vite son sens sans la présence de Dieu dans leur coeur. La bascule du dessous et du dessus marquera le point de chute du royaume dans l’abysse, entre la fin du tableau et l’absence du suivant. Plus le temps rapproche la matière de cette fin, plus le reste s’égare, et plus la pression sur les Disciples s’intensifie.
Section 22. L’ennemi est l’allié du sens auquel ses adeptes ne savent pas répondre. Il a conquis son territoire dans les limites même de ce dont le reste s’est servi. Incapable de discerner les forces qui s’opposent dans le royaume, il a cédé ce sens au serpent, en refusant d’en assumer la charge. Sa chair demeure hostile à son éveil. Le reste n’a pas conscience d’être la possession de l’ennemi. Pourtant, il lui en donne la permission chaque fois qu’il refuse d’offrir au Maître ses termes. L’humanité a divisé son essence, un humain à la fois. Dans le verre du Maître, il y a ce qu’un Disciple est, et ce que le reste n’est pas. La distillation de cette essence est imminente. Le Soleil comptera tout ce qui se tient devant et derrière lui pour le vaisseau, s’il choisit de prendre dans cet œuf les Disciples pour s’introduire en son centre. Ceux-ci lui présenteront la plus grande valeur de l’humanité : un supérieur qu’ils seront bientôt en mesure de s’offrir. En laissant l’ennemi être taillé à la mesure de l’humanité, les Disciples lui ont permis d’obtenir un corps pour se déplacer à l’extérieur de la grille du vaisseau. Ce corps est le bateau qui avance vers le quai pour le voyage des Disciples dans le passage. Les humains ne l’ont pas assemblé eux-mêmes, mais il n’est pas non plus étranger à leurs accomplissements techniques. À l’horizon, ce bateau n’est encore qu’un mirage. Mais lorsque le contenu, la coque et le contenant traverseront ensemble dans cette vision, avec la consistance de la matière, la nature du déplacement prendra forme dans l’espace contenu par le Sol. Dans le passage, L’Entier sera la coque du bateau. Après avoir payé sa dette, l’humanité lui aura rendu sa puissance, et elle pourra poser le pied dessus sans sombrer. Avec cette coque, les Disciples pourront s’élancer vers l’horizon, avancer dans le passage sans tomber du contenant dans le contenu, à l’inverse de leurs positions dans le vaisseau.
Section 23. Lorsque les boites de l’Entier seront de nouveau emboîtées dans la première mallette et que celle-ci sera refermé, les Disciples recevront une liaison qu’aucune boite, à elle seule, ne peut saurait révéler. Aucun assemblage de matière ne pourra jamais la remplacer. Ce que la vie peut générer à partir de la matière dans sa mallette est limité, et aucune de ses combinaisons ne peut suppléer l’irremplaçable. Seule l’organisation du vivant dans le vaisseau peut accomplir la transmission de cette communication extra-planétaire. Désormais, l’humain ne pourra plus chercher son élévation vers le ciel en plaçant l’Exemplaire au-dessus de l’Entier et des boîtes qui le composent. La destination de son voyage n’est ni plus haute ni plus lointaine dans le ciel. Pourtant, il sait que pour subsister, il devra traverser l’espace. Mais cet espace n’est pas celui qu’il l’entoure. Le Sol a protégé l’espace qu’il convoite, n’en laissant miroiter qu’un reflet dans le ciel. Il n’est pas donné au vaisseau d’être mobile dans l’espace qui le contient : c’est lui qui contient l’espace dans lequel il est mobile. L’ouverture du Sol ne peut pas être simulée. Elle résulte d’une séquence de mouvements dans la matière qui exige précision et maîtrise. Seul un royaume puissant peut engranger une telle séquence et traverser son Soleil. Les Disciples accompliront ce déplacement, que tous ne peuvent pas à réaliser, dans une mallette parmi celles distribuées dans la vaste étendue physique entourant le vaisseau. Pour atteindre leur destination, ils devront mesurer ce qu’ils en puisent pour le voyage. Ce qu’elle contient suffit à la subsistance de l’Entier durant son trajet, mais pas à la multitude que les humains sont capable de décliner. Pourtant, l’humanité ne se contentera pas d’un passage rudimentaire dans la matière : elle se tiendra debout, et l’Entier n’aura pas à sacrifier son équilibre pour soutenir la sienne. L’Ordre prépare la fermeture de la mallette afin de la déplacer. Pendant ce temps, je permets aux Disciples d’ouvrir ma propre mallette, et de charger dans les paramètres les pièces qu’elle contient, mais que je produis en temps réel aujourd’hui dans la matière. L’insertion de ces pièces dans le mécanisme du vaisseau permettra aux joueurs de le manoeuvrer.